Revue de presse

Béatrice Pagès redonne vie aux livres. octobre 2020

photo : Béatrice sur son instrument de mise en musique de son art.

Qu'ils soient anciens ou modernes, de format poche ou encyclopédique, peu importe leur genèse puisque la relieuse de Bor-et-Bar leur redonne leur lustre d'antan, une passion faite métier depuis 2004 près du couvent de Bor.

« Après avoir appris le métier à l'ombre d'un maître-relieur pendant 3 ans dans la Sarthe, je me suis orientée vers les livres des XVIIème et XVIIIème siècles » avec un diplôme. Installée dans son havre de paix « un cadre apaisant qui me donne l'inspiration pour la retransmettre dans ma profession », elle travaille à la fois pour des institutionnels du type Bibliothèques, Archives et Musées.


Certains ont déjà une idée bien arrêtée, alors « je ne fais que don­ner mon avis », d'autres lui donnent carte blanche comme pour cette Bible victime de l'outrage du temps, qu'il est grand temps de restaurer selon un cahier des charges précis en ce qui concerne le papier et la colle, toujours naturelle.

Elle, qui a plusieurs cordes à son art, musicienne émérite de Kora, un instrument à cordes harpe de l'Afrique de l'Ouest, possède des doigts agiles pour sauvegarder les livres qu'on lui amène. Près du couvent de Bor, au fond de son atelier, Béatrice puise l'inspiration et la patience, ces valeurs cardinales essentielles dans l'accomplissement de son œuvre, telle une résurrection matérielle émanant de son es­prit créateur.

Relier un livre revient à une succession de 50 étapes. Qu'il soit collé ou cousu, peu importe, il faut défaire le corps de l'ouvrage et séparer les pages avant de tout remonter. Selon les desiratas, elle travaille indistinctement les toiles de coton et de lin, les papiers mâchés et japon, les peaux basane de mouton lisses, les chagrins de chèvre graines et sa majesté le cuir, matière noble par excellence, grâce à l'accomplissement de gestes répétitifs ancestraux précis, et ordonnés comme les notes dans une partition de musique liturgique. Elle travaille également le parchemin de veau tanné. Son plus beau souvenir professionnel, Béatrice le doit à une rencontre imprévue : « un jour, une famille descendant d'un soyeux de Lyon m'a confié un livret de mariage imprimé sur de la soie mais non achevé. C'était pour moi un véritable challenge de relier cette pièce unique. Je me suis associée avec une couturière, car les carrés de soie étaient effilochés, puis j'ai fait la reliure plein cuir et même un boîtier ». Si elle avoue que c'est un travail difficile, d'ailleurs comme tous les métiers de l'artisanat d'art, elle sait qu'il demeure toujours des amoureux invétérés du livre, pour lesquels le coût passe après la valeur sentimentale, une valeur qui finalement la relie à sa clientèle. La relieure de Bor s'adresse en priorité aux Archives Départementales et Municipales, aux Musées et aux Associations Renseignements : 07 86 56 17 01

Les bouquinistes tiennent salon ce week-end. mars 2018

photo : Béatrice Pagès, artisane relieure à Bor, sera au Salon du livre ancien et récent à Villefranche.

Sur le Salon du livre de Villefranche qui se tient aujourd'hui et demain, sous la halle, derrière la collégiale, une quinzaine de libraires de livres anciens et récents se donnent rendez-vous pour échanger et partager leur expérience avec la clientèle. Les bouquinistes, amateurs de livres et de littérature, d'histoire, philosophie et bien d'autres, auront l'embarras du choix. Ils retrouveront sur le salon une sélection d'ouvrages d'occasion, anciens ou récents, dont certains remontent à l'Ancien Régime, datés de 1815. Ils pourront aussi se rendre à la rencontre d'artisans du livre dont un tanneur de cuir, mais également une relieure installée à son compte à Bor, Béatrice Pagès, spécialisée dans la restauration de livres anciens et récents.


«Le Salon du livre, c'est l'occasion de retrouver mes clients, discuter autour d'un livre que j'ai relié pour eux dans un lieu où ils savent que tous ces livres on peut en prendre soin et pour plusieurs années», explique, enthousiasmée, l'artisane. «Cela permet de dévoiler la palette des métiers du livre qui existent toujours aujourd'hui et qui ne sont pas morts», sourit Béatrice, passionnée par les livres, leur histoire et celle de leurs auteurs. Elle restaure et relie des livres anciens et modernes, certains parfois assez rares, «toujours dans le respect des personnes qui me les confient». Souvent, ce sont des particuliers, ou des archives, des musées, qui font appel à elle.

De nombreux ouvrages présentés

Avec le salon de Cahors, celui de Villefranche est sûrement l'un des plus grands de tout le Sud-Ouest, réunissant plus de 1 000 personnes chaque année. «Les gens se déplacent de très loin», explique Patrice Lesueur, libraire à Villefranche, membre de la Compagnie des Amis du livre, l'association organisatrice de l'événement.

* Le salon se tient de 14 heures à 18 heures le samedi et de 10 heures à 18 heures le dimanche.

Ma rencontre avec Béatrice. Avril 2016

Aujourd’hui, je vous propose de faire la connaissance de Béatrice Pagès qui est secrétaire à temps partiel à la maison paroissiale de Villefranche. Je lui ai rendue visite dans son atelier de reliure à Bor……petit havre de travail silencieux et de paix entouré de la magnifique nature des gorges du Viaur.

Bonjour Béatrice, peux tu nous dire qui tu es, quel est ton parcours ?

Je suis originaire du Gers, issue d’une famille chrétienne avec la joie d’avoir encore mes deux parents, dont papa qui est diacre permanent sur le diocèse d’Auch. L’appel du Seigneur a frappé à la porte de mon cœur vers 6 ans, puis le temps de l’adolescente avec une parenthèse sur la vie de foi, puis des engagements avec la J.O.C, les jeunesses mariales, le renouveau charismatique et l’expérience de la vie érémitique.

J’ai répondu à l’appel de la vie consacrée à 22 ans. Après un temps de vie communautaire et érémitique, j’ai été consacrée dans l’Ordo Virginum le 13 juin 2013, par Mgr François Fonlupt à l’église de mon village de Bor et suis donc directement rattachée au Père évêque par cette vocation diocésaine, vivant toujours ce visage contemplatif, tout en étant impliquée dans la vie de mon village, de la paroisse de Notre-Dame des 4 vallées et dans la vie consacrée de notre diocèse.

En quoi consiste ton travail de secrétariat à la maison paroissiale de Villefranche ?

Je suis heureuse de vivre cette dimension « en Eglise » et « pour l’Eglise » dans ce travail administratif, en collaboration avec le Père Daniel Boby et au service des mouvements et services de la paroisse Sainte Emilie du Villefranchois. Mon travail ne remplace pas la générosité des permanents qui viennent tenir la permanence téléphonique et l’accueil du public quotidiennement. Je travaille en interne, au service de tous : annonces paroissiales ; gestion du Denier de l’Eglise et Appel paroissial en lien avec le comptable des 2 paroisses et l’évêché de Rodez ; photocopies et élaboration de flyers et affiches pour une manifestation locale ; contacts avec les services publics ;gestion et écriture des registres paroissiaux : Baptêmes, Mariages, Défunts ; le calendrier des messes, etc.

Encore un lieu où il m’est donné « de prendre soin des personnes », à travers un service caché et discret dans une réelle présence à Dieu et aux autres.


Tu es vierge consacrée ; je ne sais pas trop ce que cela signifie. Peux tu m’éclairer ?

La première mission d’une vierge consacrée est celle de la prière. C’est « l’Etre » qui doit primer sur « le Faire » même si les 2 sont liés. Chacune le vit avec son charisme propre selon des variantes plus apostoliques, missionnaires ou contemplatives, au coeur de l’Eglise et dans le monde, par le témoignage aussi d’une vie professionnelle.

A la différence des autres ordres religieux les vierges consacrées n’ont ni règles, ni structures communautaires mais elles sont au service de l’Eglise et prononcent des vœux. Elles se rencontrent régulièrement pour des temps de partage, de formation et de vie spirituelle.

Tu fais de la reliure dans ton atelier au couvent de BOR, en quoi consiste ce travail ou cette passion ?

Pourquoi la reliure ? Parce que c’est un travail manuel, artistique, aux origines de la vie monastique, en cohérence avec ma vocation contemplative. Ce qui ne m’a pas dispensé de me former pour ouvrir un atelier professionnel. Avec la Passion du livre qui est une mémoire, une transmission des connaissances, qui peut être aussi un objet d’art.

Tu m’as dit : « Je fais de la reliure comme j’aime relier les gens. », je trouve l’image magnifique Peux tu nous en dire plus ?

Reliure vient d’un mot latin qui se traduit par Re-lier. Chaque livre qui m’est apporté à l’atelier « est » une histoire que la personne souvent se raconte et me permet de mieux cerner comment le relier ou le restaurer dans le respect du livre confié et dans la tradition « technique » d’un savoir faire, pour lui redonner sa beauté et sa solidité. Il m’est donné d’être parfois ce petit trait d’union qui relie l’histoire, les personnes autour d’un livre confié.

Et bien sûr ma Passion de Dieu habite ma passion du livre et de ce beau métier ancien. 

Lorsque je suis rentré dans l’atelier de Béatrice j’aurai pu me demander combien de personnes travaillaient là tant il y a de postes de travail. Au fil de ses explications j’ai fini par comprendre que chaque poste correspond à une étape (et elles sont nombreuses) de la restauration d’un livre avec son outillage bien précis et ses termes techniques. Moi qui adore les livres, j’ai été servie ! Un vrai plaisir de toucher les peaux qui vont servir à couvrir les beaux ouvrages.

Que de précision et de ……travail pour arriver au bout de la métamorphose ! Pour certains juste une petite remise en forme, pour d’autres c’est de la réanimation et pour d’autres encore que l’on dirait en fin de vie c’est une véritable renaissance. Elle prend soin de toutes sortes de livres ; du plus modeste au chef d’œuvre et chacun peut lui confier les siens.

Béatrice est une « petite fée » qui respire la présence de Dieu. Lorsque je suis sortie de son atelier j’ai ressentie une paix intérieure, la même paix qui m’habite lorsque je sors d’un moment de prière dans une chapelle ou une église.

MERCI Béatrice.

Pour la contacter : 

Béatrice Pagès Reliure 12  - 12270 Bor  - 07 86 56 17 01

Béatrice Pages, relieure, met tout son art et son cœur à l'ouvrage. été 2017

Sur les hauteurs de la commune de Bor et Bar, à Bor, au pied du clocher, dans une ancienne dépendance du couvent des dominicaines, Béatrice Pages travaille religieusement.. Dans la quiétude de ce cadre champêtre qui surplombe la vallée du Viaur, Béatrice, pratique l'art de la reliure et la restauration de livres. Elle est artisan relieure*.

Colle, papier, ciseau...

Béatrice est originaire du Gers près. Elle y a passé toute son enfance. Après un bac littéraire, elle intègre le cours Pigier pour une formation en comptabilité et secrétariat. «A cette époque là, j'avais un passe temps, j'aimais beaucoup améliorer, transformer, les couvertures des livres. » Colle, papier, ciseau, elle laissait vagabonder son esprit créatif au gré de son imagination... Et pourquoi ne pas en faire un métier ? "C'était un pari un peu fou.'" concède-t-elle, mais l'envie était là !

 Ouvrir une nouvelle page...

Restait à forcer un peu le destin, en cherchant un artisan prêt à la former. Béatrice toquait à la porte de Chantal, artisan d'art relieure, dans la Sarthe. « La journée en cours, le soir à l'atelier de reliure ». Et Béatrice d'évoquer avec tendresse, humour et reconnaissance ces belles années d'apprentissage : "Chantal ne m'a pas ménagée!" s'amuse-t-elle. « D'emblée, elle a testé ma motivation et mon endurance en me confiant quelques tâches rébarbatives  tout en m'initiant aux bases du métier ». Et c'est au prix de cette persévérance qu’elle a gagné toute la confiance de Chantal. Etre une digne héritière d’un savoir- faire aussi rare précieux se mérite, Béatrice en a pris très vite conscience.. Des soirées entières à remettre sans cesse l'ouvrage sur le métier obstinément, vaillamment, patiemment, à observer, a faire, à refaire, à parfaire. Elle tissait au fil des jours et des pages une exceptionnelle complicité avec Chantal. « Elle m'a donné ce qu'elle avait de meilleur ».

Jamais loin de son élève...

Jusqu'à peu, d'ailleurs. Chantal, 92 printemps , rendait souvent visite à Béatrice à Bor pour porter un œil attentif, bienveillant et parfois même critique sur son travail. « Nous sommes toujours régulièrement en contact, par téléphone. Si j'ai besoin d'un conseil c'est, bien sûr, vers elle que je me tourne » confie Béatrice de sa voix calme et posée. Car Béatrice le sait et en est très reconnaissante envers sa formatrice, elle est à son tour devenue garante de ce trésor : un savoir- faire artisanal ancestral.

Des dons très précieux

Elle décidait en 2000 d'ouvrir son propre atelier dans le Tarn. Au début «  à la petite semaine » avec quelques animations, salons et les premiers travaux de reliure, d'habillage, de cartonnage ... réalises avec des précieux outils que chacun des élèves de Chantal lui avaient offert à son départ. Un joli geste. Ces outils ont toujours leur place dans l'atelier de Bor. Mais il n'était cependant pas évident de démarrer cette activité sans un matériel spécifique qui nécessite de très lourds investissements. Comme la reliure était au Moyen-âge surtout l'apanage des moines et religieuses, cela donnait une idée à Béatrice. Peut-être quelques uns de ces inestimables outils dormaient-ils encore dans des caves ou remises de monastères et couvents ? « Je suis entrée donc en contact avec plusieurs en expliquant mon projet. J'ai fait d'extraordinaires rencontres et obtenu au delà de mes espérances. » 

Touchés par l'engouement de Béatrice pour ce métier ancestral et sa capacité à l'exercer dans les règles de l'art, « certains m'ont même donné du matériel. » Comme cette presse qui trône majestueusement dans son atelier à Bor. « J'ai eu cette chance de trouver sur mon chemin des personnes qui m’ont encouragée, aidée. Je n'ai jamais été seule » confesse humblement Béatrice. Un premier réseau de clients se tramait : la famille, les amis, puis, les amis des amis ... et prenait de l'ampleur.

Bor, un havre de paix

C'est alors qu'elle s'est mise en quête d'un « coin paisible » pour développer son activité. « Le cadre de vie c'est très important, la beauté des lieux, l'espace, le silence. » N'y voyez là aucun caprice écolo, d'ailleurs Béatrice s'en défend, mais la recherche d'une sérénité nécessaire et incontournable pour ce travail tout aussi artisanal, artistique et minutieux. Par le biais de relations elle apprenait que les dominicaines de Bor avaient une dépendance à louer. En 2008 elle s'y installait : « C'était pour six mois, un an tout au plus ... » Et voilà 9 ans maintenant qu'elle ouvre tous les matins sa fenêtre sur un paysage qui ne cesse de l'émerveiller...

L'atelier, l'antre magique de Béatrice

L'univers de Béatrice est calme el feutré. Dans son atelier - une grande pièce que la lumière du jour inonde généreusement à travers de larges fenêtres - se mêlent de discrètes odeurs de papiers, de cuir, de toile de lin, de coton, de colle, sur les étagères des livres, encore et encore des livres, dans les tiroirs de superbes papiers ... Le charme opère, c'est une délicieuse incursion dans le monde de l'artisanat, de la transmission, certains petits instruments semblent tout droit sortis d'un musée... Compas, équerre, outil de coupe, traçoirs, plioirs, poinçons... autant d'outils qui témoignent de la précision et de la méticulosité indispensables à cet art. Feuille d'or, papier colorés et marbrés, tissus, peaux d'agneau, de chèvres, parchemins... autant de matières qui témoignent de la créativité qu'il peut aussi induire. «  Je travaille toujours dans le respect du livre et reste à l'écoute du client. Les deux sont très importants » insiste-t-elle. Lorsqu'elle a, entre les mains, de vieux registres municipaux ou quelques archives départementales, le travail de restauration ou de reliure répond à quelques règles strictes et indélogeables. Mais, lorsqu'une cliente lui demande de refaire les couvertures de livres de poche pour les rendre plus attrayantes, le champ d'action de Béatrice est déjà plus large et l'ouvrage restera unique ! Sa clientèle est donc aussi variée que ses travaux : particuliers, administrations, archives, restauration de fonds anciens, musées, diocèses, bibliothèques... Béatrice crée également des papiers par d'étonnantes alchimies d'acrylique, de pigments et... de lait ! « C'est toujours magique ! » s’enthousiasme-t-elle. Livre de cuisine, d'histoire, romans, BD, archives... elle restaure et relie des dizaines d'ouvrages avec minutie. Des pièces parfois extraordinaires, exceptionnelles comme ce livre apporté par un jeune couple de lyonnais : « Ils avaient trouvé ce livre tout brodé de fils de soie dans un grenier. «  Un héritage d'une famille de soyeux » que personne ne voulait restaurer... »

 L'éloge de la lenteur...

Ici, le temps est comme suspendu au fil des pages et aux mains expertes de Béatrice car la reliure « c'est l'éloge de la lenteur! » Dorures, enluminures, reliures de toile, de cuir, de papier marbrés de peau, cartonnages... matériaux nobles ou artisanaux, rien ne déroge à la qualité. Béatrice gomme les affres du passé en rendant à tous ces ouvrages leur superbe ou les habille pour les générations futures ... Dehors une légère brise chuchote dans les feuilles des arbres, le chat miaule timidement devant la porte... Derrière les murs de pierres séculaires de la belle hausse dans un silence quasi monacal, Béatrice travaille. Inlassablement, elle sublime, répare, restaure et sauve des recueils et manuscrits exceptionnels comme de simples opuscules du quotidien. Elle écrit là quelques plus belles pages du grand livre de sa vie... « Et je m'appelle Pagès » conclue-t-elle judicieusement, comme quoi à un accent près...

Voir son site www.reliure12.fr, contact 07 86 56 17 01

(*) On dit relieur au masculin, relieure au féminin et non relieuse qui est une machine à relier.